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Des photos publiées par le quotidien officiel Rodong Sinmun montrent Kim Jong Un utilisant des jumelles et observant le projectile noir et blanc s'élancer dans le ciel. Les images montrent également M. Kim au côté de sa fille - jamais nommée par les médias d'Etat mais identifiée comme son deuxième enfant Ju Ae par les services de renseignement sud-coréens - en train d'examiner des photographies montrant la terre depuis l'espace, prétendument prises par une caméra montée sur le missile. Le tir "confirme l'état de préparation à la guerre de l'unité ICBM", a affirmé KCNA, ajoutant que le lancement "n'avait pas d'impact négatif sur la sécurité des pays voisins".
L'armée sud-coréenne avait auparavant indiqué que le missile avait suivi une trajectoire lobée, typiquement choisie pour éviter de survoler d'autres pays. Lors du lancement de jeudi, M. Kim a déclaré que le Nord "réagira aux armes nucléaires par des armes nucléaires", et a appelé à "renforcer de manière irréversible la dissuasion nucléaire", selon KCNA.
Le plus haut dirigeant du pays a également vanté la "capacité de réaction rapide du Nord (...) pour faire face à tout conflit armé et à toute guerre". La Corée du Nord s'est déclarée puissance nucléaire "irréversible" l'année dernière, et M. Kim a récemment appelé à une augmentation "exponentielle" de la production d'armes, y compris d'armes nucléaires tactiques.
Surnommé le "missile monstre" par les analystes militaires, le Hwasong-17 a théoriquement une portée suffisante pour atteindre la partie continentale des Etats-Unis. Avec ce dernier lancement, la Corée du Nord tente de souligner l'avancement de ses armements, estiment les analystes. "Avec les photos de la terre, Pyongyang semble vouloir montrer qu'il peut atteindre avec précision n'importe quelle cible souhaitée par le régime avec son ICBM", a expliqué à l'AFP Cheong Seong-chang, de l'Institut Sejong.
Selon lui, la prochaine étape pourrait être le tir d'un missile "à un angle normal", pour démontrer sa capacité de survivre à une rentrée dans l'atmosphère. Le tir de l'ICBM, précédé de plusieurs autres lancements de missiles depuis dimanche, est intervenu le jour d'une visite au Japon du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, et alors que Séoul et Washington organisent actuellement leurs plus grands exercices militaires conjoints en cinq ans. Baptisés "Freedom Shield", ces exercices ont débuté lundi et doivent durer dix jours.
Ils se focalisent sur "l'évolution de l'environnement de sécurité" due à l'agressivité redoublée de la Corée du Nord, ont déclaré les alliés. La Corée du Nord considère ces manoeuvres comme des répétitions en vue d'une invasion de son territoire ou un renversement de son régime.
"Le fait que la Corée du Nord ait presque normalisé les essais de missiles balistiques intercontinentaux au cours de l'année écoulée est préoccupant", a déclaré à l'AFP Joseph Dempsey, chercheur à l'Institut international d'études stratégiques. Pour Soo Kim, ancienne analyste de la CIA pour la Corée, le régime de Kim Jong Un "a essentiellement désensibilisé la communauté internationale face à ses essais d'armes". "Nous sommes arrivés à un point où un test de missile balistique intercontinental n'attire pas plus l'attention qu'un test de missile à courte portée", a-t-elle déclaré. "Nous continuerons à voir la Corée du Nord progresser et élargir sa gamme de capacités d'armement dans les jours à venir.